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Guadeloupéen, une profession régie par le Code Noir... ?

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Coupeurs de canne à sucre de la Havane (Cuba)

Coupeurs de canne à sucre de la Havane (Cuba)

Les classes auxquelles nous appartenons, aux Antilles, et qui dépendent des structures de la société dans laquelle nous nous trouvons, sont similaires de l'une à l'autre des îles. Quand il s'avère que notre monde social est très hiérarchisé, les classes auront un écart significatif, plus ou moins creusé. À l'inverse, des écarts plus réduits seront visibles là où les maîtres et les classes populaires sont proches, hiérarchiquement.

Sur les îles anglophones, au cours du XIXe siècle l'esclavage ayant été aboli assez tôt, les disparités entre maîtres et travailleurs furent bien moins fortes que sur les îles voisines, qui ne l'ont aboli que dans la seconde moitié du XIXe siècle; et du reste, au Brésil la Traite ne fut abolie qu'en 1888. En Martinique, on peut dénoter la présence d'une classe de békés très aristocratique.

Il en va également que le mode de société qui découle de l'esclavage sera ségrégationniste, en fonction de la superstructure de ces pays ou de ces îles. Pour ce qui en est des îles françaises, toujours restées dans le giron de la France, il n'existera pas de lois discriminatoires et encore moins des "pratiques" note 1. Et cela semble pourtant aller à l'encontre de la manière dont est perçue le monde antillais, partagé entre la classe des "békés", d'un côté, et celle des travailleurs agricoles de l'autre. On constate alors qu'il existe une dichotomie entre le débat de fond et la forme de société qui préexiste à tous les choix opérés, politiquement...

Cette particularité remonte à la définition même qui est apportée à l'individu. La forme que prend l'individu antillais le réduit à une fonction utilitaire, qu'il possède de façon automatique, dans un tel contexte. Rappelons que l'homme sous l'esclavage était considéré sous un aspect de bien marchand, et que l'homme était d'abord le géniteur avant d'être la personne paternelle, et que la mère s'occupait du foyer. Ainsi, les structures mentales de l'esclavage entraînent avec elles une forte sectarisation des groupes, et, malgré les efforts, un aspect utilitaire de la personne. Ces structures sont restées autant dans les mentalités que dans le modèle de société.

Groupe de marchandes en Guadeloupe (défilé)

Groupe de marchandes en Guadeloupe (défilé)

De cette mentalité, qui est parvenue jusqu'à nous, on retrouve les termes renvoyant aux fonctions biologiques esclavagistes, comme dans les termes de métissage. On en trouve même pour les individus métissés avec les peuples venus d'Asie, arrivés après l'esclavage, tel que le terme "bata" (bâtard). Les désignations qu'on trouvait encore récemment sont tels que : "moun bwa", "moun bitasyon" "grann jans" (personne de bois, pour les gens de la campagne, personne ou travailleur d'habitation pour les travailleurs agricoles et grand gens pour les hautes personnes, socialement parlant), etc. Ces groupes sociaux fortement communautarisés, remplacent les groupes d'individus selon leur niveau de richesse ou de connaissances, par exemple. Par exemple être détenteur de capitaux n'implique pas que l'on soit béké, ou encore être exploitant agricole ne veut pas dire être un moun bitasyon... De surcroît ces groupes sont entourés d'une barrière idéologique, plus ou moins hermétique selon les classes. Dans les faits on peut dire que cela constitue une forme de ségrégation.

Note 1 : tel que le Ku Klux Klan, par exemple.