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Aujourd'hui je vous écris
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Le sport : la seconde religion

Le sport : la seconde religion

En Guadeloupe, et me semble t-il en Martinique, le sport suscite une ferveur, qui va bien au delà de celle des "nationaux".
Nous avons cette particularité d'aimer le sport sans même avoir à le pratiquer, car nous aimons tout simplement voir l'action sportive. Un footballeur qui fait une passe distante, un tenissman qui finit le match avec le sourire et une coureuse qui franchit la ligne en faisant "deux" avec les doigts, sont nombres exemples de notre dada populaire.
Pour le spectateur hexagonal, il n'y a qu'une seule victoire, mais pour le Guadeloupéen il y en a deux. Il y a la victoire française, et la victoire régionale, c'est-à-dire qu'on reconnaît aussi nos compatriotes régionaux, lorsque c'est l'un d'eux qui a assuré une victoire à la France. Cela vous rappelle, certainement, d'assez nombreuses victoires en équipes de France.
La vision générale du corps
Dans l'art, ou encore, dans nos représentations mentales, le corps est en général conçu comme inférieur. Il s'agit d'une forme d'enveloppe dont on peut se passer un minimum. Les oeuvres du 18ème siècle présentent l'homme dans son infériorité face aux forces qui l'entourent (nature, société, etc). Il me semble que le corps, constitué de muscles, de chair et de peau, disparaît devant le corps pris dans l'ensemble "personne morale - corps de l'être humain". On le voit, non pas comme la partie charnelle et sensorielle, mais comme un état, celui de l'existence animée, c'est-à-dire la réalisation de la vie dans un monde matériel.
Au contraire les diverses tentatives de représentation du corps animé sont pour moi vaines, car elles restent toujours dans une volonté de symboliser; jusqu'à ce qu'arrivent les naturalistes et leurs oeuvres qui prennent sur le fait des scènes. Ce sont des scènes de la vie et le corps est encore representé dans son utilité, et l'objet de nos efforts - le travail, prime sur le corps comme chose.
Le corps possède cependant une matérialité que l'on décèle dans la religion, bien que cette fois encore celle-ci soit rejetée.

On pourrait prendre tous les exemples que l'on voudrait pour montrer que le corps est communément représenté comme un élement secondaire. D'abord de par ses imperfections, le corps est considéré comme quelquechose voué à disparaitre. Puis, par l'acceptation de l'existence de l'âme (ou du moi) en tant qu'être eternel, on ne l'identifie pas à la personne proprement dite. C'est ce qui fait que les activités auxquelles est sujette la chair soient vues comme des activités basses, pour ainsi dire. Le rejet de la sueur et des muscles, par le fait de la puanteur qui en émane, par exemple, amène le rejet de l'activité sportive. Il en va de soi que l'activité spirituelle et religieuse soit plus importante pour un chrétien, qui a la croyance en la renaissance d'esprit, et non pas la renaissance de chair.

Or l'attrait unanime des antillais reflète que pour eux, le corps est un composant plus essentiel de la vie.

La finalité du corps

La finalité, c'est-à-dire, l'utilité finale du corps est après tout l'activité physique. Même si à notre époque le numérique l'emporte, et même si nous pouvons grandement nous en passer, les efforts physiques sont le seul objectif de notre corps, vu sous la forme de muscles. Quelle place accorder à notre corps? Si nous n'en avions pas, bien difficile serait-il de marcher, de bouger et d'activer les objets que nous avons inventés jusqu'à nos jours.

Aussi, en dehors de l'acceptation de notre corps comme le premier caractère du vivant, peut-être à égalité avec notre conscience, bien que celle-ci toutefois soit incapable de nourrir, ni de faire vivre, il y a, en outre la fonction finale qui est l'activité dans l'espace. Il n'y a dans l'existence du corps, rien qui se situerait au dessus. La fonction ultime du corps arrive au sommet de sa conception. Lorsque nous semblons, ainsi, représenter le corps en peinture, ou à travers des arts de la danse, il y a une recherche supplémentaire : celle de l'harmonie, dans le cas de la danse ; ou sinon il y a une une fixation du mouvement, en peinture, qui se passe de la nature du muscle. En d'autres termes, danser emploie, bien, le corps mais le souhait recherché est d'abord le spectacle du corps plutôt que ses performances.

Le sport amène cette question du corps, chez nous les antillais. Ce rapport au corps est peut-être le même dans toutes les cultures, cependant, il apparait comme une fierté nationale. Cela suggère que le corps tel que nous le contemplons dans les musées ne soit pas juste "cela", c'est-à-dire un objet exposé, mais surtout un objet d'ambition : une faculté. C'est une chose communément admise par les sociétés humaines. Le corps ne se limite pas à sa structure moléculaire... Chez nous cela a pris la forme de l'art sportif, c'est-à-dire la considération pour le corps lui-même dans la recherche artistique. Et l'on peut trouver cet exemple dans le break dance, qui est un ensemble de mouvements musculaires, qui deviennent alors mouvements artistiques.

 

 

 

Pour les Antillais, et d'avantage chez les Jamaïcains et les Guadeloupéens, il existe une forme de devoir lié au sport. Jadis le sportif fut comparé à des dieux. Aujourd'hui des hommes comme Maurice Greene, Mickael Johnson, et Usain Bolt, ces spécialistes de la grimace, rejoints par tant d'autres, nous rappellent que notre corps fait de nous l'égal des dieux...

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