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Aujourd'hui je vous écris
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Braqueurs-nés?

Braqueurs-nés?

  L'expression "antan-lontan tout' moun té ka léssé kaz a yo wouvè", met en relief l'absence de vol et d'infractions similaires dans notre paysage, anciennement.

Ce phénomène s'est grossi depuis l'époque où les modèles, venus d'ailleurs, ont été importés avec les côtés négatifs qu'ils comportaient. La convoitise, ou sinon la jalousie, est-elle entrée avec tout cela?

 

  Dans la Guadeloupe d'antan lontan1 , les familles non aisées, comme cela est si bien représenté dans le film La Rue Case-Nègre d'Euzhan Palcy, vivaient à plusieurs, enfants et parents, dans un logis composé d'une seule pièce sans mobilier. Ceux dont le revenu le permettait la construisait en fonction de leurs moyens, en tôle, ou plus spacieuse, par exemple. Il n'y avait à l'intérieur, que la table, à moins qu'on ne mangeât assis sur des bancs, et l'on se couchait par terre dans un coin. La cuisine se faisait à l'extérieur de la case. Quant aux relations de voisinage, elles se faisaient dans la convivialité, quasi-fraternelle. À cette époque - au début du siècle précédent, ou pouvait arriver à posséder, malgré sa misérable condition, des biens de valeur comme le métal or, de l'argent caché ou plus encore des biens notariaux (actes, héritages). Il arrivait que des rumeurs circulèrent au sujet de ces biens cachés (sous le matelas ou "anba cabann"). Toutefois, jamais on ne voyait des personnes véreuses monter un plan pour dérober ces possessions. De toute manière, vous direz, les choses se savaient et de tels méfaits seraient forcément vite découverts par le voisinage. C'est une possiblité car tout le monde surveillait le bien de l'autre, autrement dit en votre absence, votre voisin veillait à la sureté de votre case.

De nos jours, c'est le contraire qui s'est produit. Alors que certaines familles bénéficient d'un confort de vie exceptionnel à l'intérieur du foyer, la violence et le vol se déchaînent dans la rue.

De quoi la violence liée aux vols tire t-elle son origine ? Ce n'est certainement pas la convoitise ou la jalousie, car cela était encore plus facile à l'époque, de voler les biens des autres, sachant même que la pauvreté de ceux-là étaient plus grande.

 

Le passage de la Guadeloupe sous commandement à la Guadeloupe aux commandes?

On ne peut donc pas accuser la société d'avoir apporté, à certains, des biens et des richesses et d'avoir laissé les autres dans la misère, ce qui aurait eu pour effet d'accroître le sentiment d'injustice chez le plus pauvre. Cela ne justifie pas vraiment le problème qui se présente, à savoir l'augmentation du vol, par le braquage, entre autres. On peut croire dans un sens que l'importation du modèle américain, et tout particulièrement le modèle issu des ghettos noirs, auprès des jeunes dans les cités du monde entier, a pu provoquer ces vols.

En effet, car, puisque tous ces styles ou toutes ces modes s'inspirent du modèle américain, à travers le langage, et la musique, on devrait croire que cela vient de là. Peut-être, mais ce constat-là n'expliquera pas pourquoi on doit absolument y avoir recours pour sortir de la misère. Les gens ne réalisent pas leurs actes, juste parce qu'ils ont vu quelqu'un le faire dans un film... En fait la réalité fondamentale reste encore que, pour la plupart de ces gens, qui tournent voyous, c'est surtout et d'abord une volonté de domination qui les guide. À proprement parler, on pourrait appeler cela un souhait de vengeance, et de justice, mais cet ensemble de volontés peuvent entrer dans une catégorie plus grande qui est l'affirmation de soi. Donc une sorte d'affirmation personnel et de domination que l'on trouve aussi dans le besoin d'établir une société plus tournée vers les gens du pays, que vers les riches étrangers, dont la seule ambition est de brider le peuple antillais pour mieux le dépouiller. La solution par les armes n'est pas la seule, bien entendu. D'ailleurs ce combat adopte plusieurs formes, et en a adopté d'autres par le passé...

La réalité de notre jeunesse

Moi qui connais plusieurs personnes sur l'île, je sais par habitude qu'il faut plusieurs étapes à ces jeunes, entre leur arrivée dans le monde de l'emploi et le moment où ils décident d'arrêter de chercher un moyen de vivre. En fait ce que je dis c'est que les jeunes font preuve d'une très grande volonté et de désir d'embauche même si leur expérience professionnelle du début est balubutiante. Et ainsi, dans la période où l'on a encore la force de bondir et de rebondir, ils se montrent prêt à se faire former. Il y a un petit nombre qui trouve un petit travail après plusieurs années de tentatives. Ceux qui refusent d'insister progressent lentement vers la marginalisation, c'est-à-dire se mettent de côté dans cette société. C'est la dernière solution qu'il semble rester. De là à dériver totalement vers la violence et le vol, le pas est petit. Certains le font par "obligation", d'autres le font par choix, mais la plupart le fait sans avoir un caractère méchant par nature. On connait forcément, tous, quelqu'un qui n'épargne pas les autres et qui se montre d'une méchanceté hors du commun, mais peut-on dire vraiment que c'est le cas de tous ces jeunes braqueurs?
 


 

 Les braquages font très souvent la une des journaux aux Antilles, et les braquages organisés (contre les Pmu, la Banque Postale ou les Bijouteries) sont assez fréquents depuis quelques années, même s'ils ont tendance à se raréfier. La dernière fois que cela eut lieu, on aurait cru à de la routine... D'autres diront que l'on est passé de l'époque des braquages de station-service et des supérettes, à celle de maintenant. Certes, mais il faut différencier dans ces affaires, celles qui sont le résultat d'une population à l'abandon, même dans les familles aisées, et celles qui sont l'oeuvre des voyous "qualifiés", si j'ose dire.

Notes

1. La Guadeloupe d'avant

Nota : Antan lontan moun pa té ka fèmé kaz yo signifie, qu'avant, les gens avant laissaient la maison ouverte. En effet cela part de cette vérité que les gens ne fermaient jamais leur porte pour se rendre au marché ou en ville. Ils laissaient les portes ouvertes, et cela dit, personne n'osait entrer chez l'autre. Avec l'arrivé de la société moderne, les individus ont appris à se barricader. L'image que donne cette expression reflète ce changement.