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Gwoka-la

Gwoka-la

Le gwoka
 
Pourquoi l'esclave n'aurait-il pas gardé un nom de chez lui pour désigner cette chose qui a toujours joué un rôle primordial dans toutes les étapes de sa journée, de sa vie? Nous sommes donc convaincus que le mot ka nous vient du continent Africain.
 
En Afrique, les tambours sont faits en "bois-fouillé", des morceaux de troncs d'arbre que l'on fouille afin d'obtenir un bouko (un tambour sans peau). Le "bois-fouillé" est aussi utilisé dans d'autres pays de la Caraïbe.
 
Cet intrument de percussion s'appelle aussi bien gwoka que ka. Mais le mot gwoka désigne aussi la musique elle même, la danse, les chants et tout le reste. Alors pour faire la différence entre les deux, on nomme l'intrument Ka.
On retrouve en Égypte le mot ka qui désigne la racine spirituelle de l'homme (ndlr). Nous retrouvons en Afrique Centrale, le mot n'goka qui désigne un tambour qui rappelle beaucoup le ka ( voir «DIADYE» de Jocelyn Gabali).1

 

7 rythmes
Pendant l’esclavage, les noirs venant de différentes régions d’Afrique, se sont retrouvés dans la Caraïbe et en Guadeloupe en particulier, dans des conditions très difficiles. Quoique ne parlant pas la même langue, ils avaient quelque chose en commun: la musique.

On dit habituellement qu’il existe 7 rythmes traditionnels : toumblak, graj, léwòz, menndé, kaladjya, granjanbèl et woulé. En fait il en existe d’autres : padjanbèl, sobo, mayolè, le 6/8, le takout et le grap a konngo. On a souvent confondu granjanbèl et padjanbèl, ce sont deux rythmes différents, le granjanbèl se joue sur une mesure à 4 temps (12/8) et la padjanbèl sur une mesure à 3 temps (3/4). On dit généralement qu’il y 2 léwòz, le léwòz « indèstwas » et le léwòz de Jabrun. En fait ce sont deux rythmes complètement différents.
Dans un léwòz traditionnel le gwoka se joue avec deux boula et un mawkè. Le boula c’est le ka qui joue les rythmes réguliers et le mawkè celui qui improvise ou accompagne le chanteur et le danseur.2

 

Illustration : tambour ka

Le Gwoka se divise en sept rythmes distincts et est joué par un ensemble de deux tambours que sont le boula, qui va jouer le rythme central, et le makè (« marqueur ») qui va marquer la mélodie suivie par le chanteur, les danseurs et les répondè (le choeur). D’abord le Toumblak, premier rythme, qui comme le Kaladja, reprend le thème de l’amour, la danse du ventre, la danse de la fertilité, de la terre, ensuite le Kaladja, qui lui symbolise la lutte en amour. Viennent ensuite successivement le Woulé, la « valse créole » pour charmer et ironiser sur le blanc, le Padjambèl, la danse des travailleurs pour la coupe de la canne, le Mendé, qui serait le dernier rythme arrivé au pays avec la venue des 'congos' sous contrat après l’abolition. Il symbolise le carnaval, la fête collective.

 

Il y a six rythmes différents dans le Mindé. À ce jour, nous n’en connaissons que trois (le Mendé même, musique à mas à Kongo et un dérivé du Mas à Saint-Jean). Enfin, le Graj accompagne les travaux de production agricole (exemples : le grage manioc, le jardin, la cueillette) tandis que le Léwoz, dernier ryhtme, est un rythme guerrier, qui rythmait les attaques de plantations, mais aussi une danse incantatrice.3

 

Origine des léwoz (souvent le vendredi soir) :

Le léwoz justement est également le terme en usage pour nommer ces soirées musicales dansantes au son du tambour Ka. Elles ont elles aussi pour origine l’esclavage, car hérité de ces soirées de fin de semaine où les esclaves après une rude semaine dans les champs se retrouvaient le temps d’une soirée pour danser et chanter de façon à oublier le temps d’une nuit leurs difficiles conditions de vie. De nos jours, ces léwoz remis au goût du jour ont généralement lieu le vendredi, héritage du passé esclavagiste de l’île, où tout le monde se retrouve autour des cogneur-Ka, les tambouyè.

Le Gwo Ka influe aussi sur les autres styles musicaux guadeloupéens. Ainsi on retrouve dans certains groupes carnavalesques guadeloupéens une musicalité est une chorégraphie en partie inspirées du Gwo Ka. On peut ainsi citer le Gwosiwo rythmique reprenant l’usage du tambour Gwo Ka, caractéristique des groupes de carnaval du sud Basse-Terre. De même au travers de la culture des mas comme le mas a kongo ou le mas a senjan, dans les groupes à po (groupes utilisant les tambours à peau d’animal, les conques à lambi et les chacha) on retrouve l’inspiration Gwo Ka dans un but de défoulement mais aussi d’hommage à la lointaine Afrique et d’affirmation de la culture guadeloupéenne. Un des groupes emblématiques précurseur des groupes à po est Akiyo, autour du mas a senjan dont est issu Ladrezeau. 3

Gwoka-la

Publiée par Gwokaradio sur Samedi 11 juillet 2020