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La société de consommation et son double maléfique

La société de consommation et son double maléfique

    La société de consommation signifie cette société où les gens achètent de tout pour satisfaire n'importe quels envies ou besoins, des plus farfelues aux plus utiles...

 

La consommation et ses "effets"

  Nous consommons des produits de première nécéssité, des produits ménagers, de l'electroménager et des produits de technologie de pointe, c'est-à-dire les petits appareils fabriqués en laboratoire. Cette situation provient d'abord du fait que la Guadeloupe est imprégnée de culture occidentale, plus particulièrement, sous l'aspect consistant à privilégier l'hédonisme1, la recherche du plaisir. Le plaisir étant considéré comme la seule chose possible ou accessible, la société donne libre cours à l'acte de consommer. Un peu comme le dit une certaine pub, cela donne des ailes.

Notre manière de consommer reste pour une autre part liée à l'Histoire même, comme une revanche, pour ainsi dire, sur le passé colonial. Il y a une tendance, en chacun, de vouloir sortir de la misère; une misère qui pour certains est déja bien désuète.

C'est exactement ce qui se passe dans nos portefeuilles, nous voulons sortir de cette enfermement séculaire, péter nos chaînes ancestrales en quelquesorte. Consommer nous permet donc de nous évader (le terme est exact), par la richesse matérielle, par les possessions. Nous en avons bien conscience, puisque nous comprenons parfaitement, qu'au delà de toute cette frénésie matérielle, nous n'irons jamais plus loin sans ce qui vient avec, à savoir la richesse morale permettant de s'en sortir réellement. Puis nous avons bien conscience que la destinée personnelle s'efface devant celle de sa descendance, et qu'il faut au moins laisser quelque chose à cette dernière.

Le dernier affront de notre vie, certainement celui qui l'emporte sur l'argent et le matériel, c'est la mort. Il faut vaincre sa vie, et d'avantage vaincre la mort, laissant sur terre tout ce qu'on y avait ramassé.

La consommation se veut être un moyen de prendre le pas sur l'instabilité économique. En effet, on cherche un peu à rétablir l'équilibre dans ce qui ne va pas. Les prérogatives matérielles, dans le passé, beaucoup plus tenaces qu'aujourd'hui, ont forgé dans l'âme des guadeloupéens et des martiniquais cette habitude de rechercher la finalité même, l'objet proprement dit, au lieu de s'attacher aux moyens. Ainsi on fait un détour vers l'argent pour mieux accélerer l'acquisition. Or, cela crée inévitablement une disproportion entre les moyens mis en oeuvre et les objets acquis. Comment avoir un voiture si chère, excepté le crédit, si ce n'est l'endettement et la ruine ? Les moyens sont si dérisoires que cela pose forcément le problème réel qui est celui de l'Histoire de cette mode des guadeloupéens.

Ce genre de vie semble renverser le rapport de force des choses matérielles contre les choses spirituelles, contre la Bible. Mais quoi qu'il en soit, on en a bien conscience. La plus vraie version possible, à mes yeux, est qu'on cherche d'avantage à remettre à l'endroit quelque chose qui a un sens plus culturel que décadent et matérialiste. Cette deuxième hyposthèse sur le matérialisme est celle qui va puiser son origine dans la société actuelle, matérialiste et hédoniste.

Un cas à part, la voiture

Nous aimons avoir notre propre voiture aux Antilles. Peut-être parce que celle-ci est un signe d'indépendance et d'autonomie, et donc de liberté, bien que nous ayons tendance à confondre les deux. L'autonomie c'est de pouvoir se passer des autres, la liberté c'est pouvoir faire comme bon vous semble. Par exemple, en prison on est autonome mais pas libre. Sur cela, revenons à la voiture. En Martinique, nous avons vu récemment les déboires politiques de la construction d'une route pour améliorer le transport. La seule raison de cette route était les embouteillages causés par la quantité énorme de véhicules dans la circulation. Cette réalité met le doigt sur l'attachement tout particulier des Martiniquais à leur voiture, au point d'en acheter même deux ou trois par foyer. Une mercedes ne suffit pas, il faut une quatre roues motrices et une citadine. Et lorsque l'une prend de l'âge, on la gare dans un coin et on en prend une neuve.

Ce problème se retrouve dans la consommation des biens vestimentaires, qui est un besoin en quelque sorte identitaire. Les antillais aiment se "parer" de beaux habits. Cela signifie que nous ne délaissons jamais le côté subjectif (c'est-à-dire les goûts) dans notre habillage vestimentaire. Nous appelons cela se "zailler" ou encore être "swag" pour prendre le terme plus moderne. L'Homme ou la femme attache une forte valeur à son corps, et plus encore à sa personne. Doit-on, ainsi, affirmer à tout prix que cette tendance à dépasser les besoins requis, à dépasser nos ressources monétaires, et aussi placer notre estime en l'argent comme le faisaient nos vieux, c'est choisir la voie de la consommation?

Je crois que cela soulève, comme je le dis depuis le début, un problème culturel qui n'est pas le retour, dans notre culture, d'une ancienne façon de vivre. Celle-ci à déjà disparu avec la misère. C'est un mystère pour moi. Il me faut vraiment pousser à l'extrême pour l'affirmer, mais cela vient très certainement de quelque chose de plus culturel encore, enfoui quelque part au fond de nos entrailles. Un souvenir presqu'éteint d'un style de vie composé de parures et d'ensembles. Un style de vie où le matériel serait au service de l'être humain, durant tout le temps que dure sa vie, puis serait mis de côté ou jeté, à terre, dans sa tombe comme le faisaient les égyptiens antiques. Un mode de vie où la beauté physique et matérielle, donc l'esthétique, auraient autant d'importance que celle de l'âme.

Cela est intrigant car nos régions sont les plus "déficitaires" bien que la croissance y soit plus soutenue que la moyenne Hexagonale. Et à bien y regarder la première préoccupation des guadeloupéens devrait être d'inventer un système globalisé, comme les français et l'euro, ou alors, sinon, leur intérêt devrait être de façonner un empire totalitaire, à l'image du communisme, ou alors, ils devraient avoir comme préoccupation de mettre sur pied un ordre monétaire ou un système pour créer les conditions d'accès à la richesse. Il n'en est rien. Manifestement, cela ne leur revient pas comme il revient en l'Hébreu de reconstruire l'Antique Jérusalem ou comme il revient en l'hindou de commercer avec les chinois, ou bien comme il revient en l'âme du français de parler toutes les langues à commencer par l'allemand, la première langue germanique. Non, et au lieu de cela, il semble acquis que les moyens pour y arriver soient déja ceux qu'ils utilisent avec une confiance quasi absolue.

Cela viendrait-il de nos entrailles même? Cela viendrait-il d'une culture reminiscente, si souvent abordée dans notre discours, par la phrase "zansèt an nou té rwa é rèn"2?

La société de la misère n'enfante pas si facilement un monde aussi cohérent de gens dont la culture tourne aussi unanimement autour des mêmes centres d'intérêt. Et, ce n'est pas une société de l'abondance matérielle, mais celle d'une abondance culturelle. Il y a un mystère à tout cela.

Notes

1. la société hedoniste est la société du bon plaisir et de la consommation de masse avec pour but le plaisir comme le divertissement, par exemple. Ce style de vie et cette recherche de plaisir augmente donc le besoin de consommer.

2. Nos ancêtres étaient des rois et des reines.

La société de consommation et son double maléfique